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Boris Vian : le Jazz au bout des mots…

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Hello Folks,

Comme vous l’avez sûrement appris sur les bancs de l’école, Boris Vian fût l’un des artistes les plus créatifs et innovants de son temps. Touche-à-tout, à la fois musicien, ingénieur, écrivain, parolier, chanteur, producteur, directeur artistique, collectionneur de voitures,… cette frénésie ne lui aura pas facilité la tâche dans sa route vers le succès, mais il aura réussi l’essentiel : vivre plusieurs vies en un temps record.

Passionné de Jazz, il pensait que la création artistique était essentielle à la vie humaine et qu’elle pouvait être utilisée pour exprimer des idées, des émotions et des concepts complexes.

Artiste engagé, militant pour les droits de l’homme et en lutte contre toutes les formes de discrimination et d’injustice, il a été un fervent défenseur de la liberté et de l’individualité à une époque où les conventions sociales pesaient sur la population et la jeunesse en particulier.

Sa philosophie ?… une combinaison de liberté, d’engagement social et de créativité, qui reflétait sa vision unique du monde et de l’art.

L’enfance

Boris Vian est né le 10 mars 1920 à Ville d’Avray au sein d’une famille aisée et cultivée, son père étant un financier (et pianiste), et sa mère une pianiste et chanteuse d’opéra amateur.

Dès son plus jeune âge, Boris Vian montre un intérêt pour la musique et l’écriture. Il commence à jouer de la trompette à l’âge de 12 ans, puis s’essaie à l’improvisation avec un petit groupe créé avec ses deux frères, Lélio (guitariste) et Alain (batteur).

Quelques années plus tard, son jeu avant-gardiste et novateur séduira le public… mais malgré ses talents, son enfance sera marquée par l’irruption d’une maladie cardiaque dont il devra s’accommoder durant toute sa vie.

Pressé par le temps et assoiffé de créativité, il n’en est pas moins doué pour les sciences. En 1939, il intègre la prestigieuse école Centrale. En ce temps-là, il étudie à Angoulême. D’ailleurs, toute la famille a fuit la capitale pour s’installer en Bretagne du fait de l’occupation Allemande. Avec le recul, il sera déçu d’avoir ainsi vécu dans l’insouciance et sans avoir vu venir les bouleversements sociaux et politiques engendrés par la guerre.

L’ingénieur

Dès son retour à Paris, Boris Vian retrouve une amie d’enfance, Michelle Léglise, qui deviendra son épouse en 1941. Tous deux ont en commun la passion pour les mots, l’écriture, les jeux de rimes et la folle envie de swinguer toutes les nuits.

Tout juste diplômé, il débute sa carrière à l’AFNOR où il occupe un emploi stable et bien rémunéré qui lui permet de s’adonner aux activités qu’il affectionne le soir venu.

Ingénieur particulièrement original, on retiendra qu’il a créé un prototype de voiture à air comprimé, une machine à écrire qui écrivait des poèmes de manière aléatoire, ou encore un fauteuil à l’allure de femme nue. Un côté décalé et imprévisible qui a fait de Boris Vian un ingénieur/artiste inclassable.

Le Jazzman

Alors qu’il dévore la vie en compagnie de Michelle, Boris Vian devient un adepte de Saint-Germain-des-Près, un quartier en vogue, où se mêlent Jazz et existentialisme. Là, dans ces caves enfumées à l’ambiance débridée, il va côtoyer du beau monde (Jean-Paul Sartres, Simone de Beauvoir, Jacques Prévert, Juliette Gréco, Lionel Hampton, Maurice Merleau-Ponty,…) et vivre dans l’insouciance de ses 24 ans.

Et pourtant, le 23 novembre 1944, c’est un véritable coup du sort qui survient avec la mort de son père, Paul Vian, assassiné à son domicile.

Sous le choc, il décide de se réfugier auprès de la famille de sa femme. Avec elle, ils sont plus que jamais déterminés à se lancer dans l’écriture. Cela tombe bien puisque Raymond Queneau, célèbre poète-romancier et secrétaire général des éditions Gallimard, est déjà convaincu par le potentiel de ce jeune homme aux multiples talents, auquel il propose un 1er contrat d’auteur à l’été 1945.

La tête dans les lettres et les livres, Boris Vian à un bel avenir littéraire devant lui, mais il reste un musicien passionné qui se produit dans les clubs de jazz les plus prestigieux de Paris (le Caveau des Lorientais, le Tabou).

Bientôt, il aura le privilège de côtoyer des stars du calibre de Duke Ellington et deviendra un grand défenseur du Jazz qu’il considère comme une véritable expression artistique et une manifestation de la liberté.

L’écrivain

Ingénieur, musicien, c’est surtout en tant qu’écrivain que Boris Vian a connu une renommée internationale.

Cela ne surprendra personne, ses plus beaux romans sont écrits à un rythme effréné entre 1946 et 1947. Boris Vian ne tergiverse pas, il se lance corps et âme dans ses projets les plus fous, comme celui de devenir artiste-peintre… une passion dévorante, qui ne dure qu’un été.

C’est donc à l’âge de 26 ans que sa carrière d’écrivain commence avec son roman noir et polémique, ‘J’irai cracher sur vos tombes’, véritable critique de la société américaine, marquée par la ségrégation raciale et les violences policières. Un livre qui fût très controversé lors de sa sortie du fait de son contenu jugé immoral et subversif.

Dans la foulée, il écrit son œuvre la plus célèbre, ‘L’écume des jours’, un roman poétique et tragique qui a marqué son époque par son originalité et sa vision du monde. Publié en 1947, ce livre aborde ses thèmes de prédilection, tels que la critique de la société de consommation et de la culture de l’argent, la dénonciation de la guerre et de la violence, et la réflexion sur la condition humaine et la mort.

Malheureusement, les oeuvres de Boris Vian ne seront pas des succès commerciaux de son vivant, et côté coeur, ces années d’insouciance et d’infidélités ont fragilisé son mariage avec sa muse, Michelle. La naissance de leur fille Carolle en 1948 n’y changera rien, leur histoire s’arrête là.

En proie au doute et à la mélancolie, il ira trouver refuge auprès d’Ursula Kübler, une danseuse Suisse qu’il rencontre à Saint-Tropez. Là-bas, il peut jouer au Dandy et refaire le monde au volant de sa superbe Brazier 1911 (un gouffre financier qui ne dépasse pas les 45 km/h !!). Mais les années qui viennent le voient retomber au plus bas : sans succès, sans le sous, Boris Vian et Ursula tentent désormais de survivre à Paris, installés dans une minuscule chambre de bonne de la rue de Clichy.

Heureusement, il lui reste sa plume… et sa voix.

Devenu traducteur d’oeuvres venues d’outre-atlantique, il s’intéresse de près aux romans de série noire et à la science-fiction, un nouveau genre littéraire, totalement inconnu en France.

Toujours aussi imprévisible et audacieux, il parvient enfin à rebondir grâce à l’énorme succès de sa pièce ‘Ciné-massacre’ et de ses chansons (dont, ‘Le Déserteur’ ou ‘La Complainte du Progrès’), qu’il décide d’interpréter sur les scènes de France, en tournée au côté de Fernand Raynaud à l’été 1955.

Fort de son nouveau succès, il emménage dans un appartement situé place blanche, à deux pas du Moulin Rouge et de son ami, Jacques Prévert.

‘Le Déserteur’

Lorsqu’elle est lancée, cette chanson est un beau pavé dans la mare puisque la France est alors engagée dans la guerre d’Indochine. Avec l’enlisement du conflit, Boris Vian se retrouve accusé. Boycotté, censuré, il devra se présenter devant le ministre de l’Intérieur pour expliquer ses paroles qui incitent à la mutinerie.

Un chose est sûre, avec cette chanson, il prouve qu’il est un homme engagé, militant pour la paix et les droits de l’homme. Plus que jamais déterminé à chanter malgré les difficultés et sa santé fragile, il persévère à se produire en public.

Jugé positivement par ses pairs (dont Léo Ferré et Georges Brassens), sa nouvelle renommée d’artiste-interprète va même lui ouvrir les portes de la maison de disques Phillips qui lui propose de venir s’occuper du catalogue de Jazz. Un emploi stable et dans lequel il va s’impliquer pour rapidement évoluer vers le poste de directeur artistique en 1957.

Avec l’avènement du Rock’n’roll, de nouveaux défis arrivent, à commencer par la traduction et l’adaptation pour le public français de ces drôles de chansons, très rythmées. Tiens, ses complices d’alors ne sont autres qu’Henri Salvador et Michel Legrand, d’autres précurseurs de la vague des yéyés qui va déferler au début des 60’s.

Mais plus que jamais, le temps presse…

Clap de fin

Malheureusement, la vie de Boris Vian sera courte.

A vivre frénétiquement, il fini par s’épuiser et s’effondre à l’été 1956, victime d’un oedème pulmonaire. Mais cette fois n’est pas la bonne. Tout juste rétabli, il part en Bretagne quelques mois, pour mieux revenir à Paris et mener 1000 projets à la fois.

Plus que jamais parolier, traducteur, le voilà à écrire des articles pour ‘Le Canard Enchaîné’ dans lequel il fait l’éloge d’un jeune auteur-compositeur qui monte et qui se fait appeler ‘le Poinçonneur des Lilas’. Celui-là, il l’adore… pas comme l’adaptation sans substance de son livre ‘J’irai cracher sur vos tombes’, et dont il souhaite prendre ses distances au plus haut point.

Justement, en ce 23 juin 1959, alors qu’il est venu assister à la projection de ce film évènnement au cinéma ‘Le Marbeuf’, il s’écroule et décède, emporté par une crise cardiaque.

Tout s’arrête-là donc. Subitement. Comme il s’en doutait.

Sa mort est un choc pour le monde artistique et intellectuel, qui perd l’un de ses plus grands talents.

En avance sur son temps, il laisse derrière lui des oeuvres marquantes, inclassables et toujours aussi fascinante malgré les années.

Bonne écoute…

(photo : John Towner)

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