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Histoire d’une chanson : ‘Enjoy The Silence’ de Depeche Mode

Hello Folks,

Comme vous savez sûrement, lorsque Depeche Mode sort l’album ‘Violator’ en 1990, le groupe passe dans une autre dimension grâce à ce tube en puissance, ‘Enjoy The Silence’, une chanson qui devient à elle-seule un phénomène musical, portée par un video-clip qui ne laisse personne indifférent.

Il faut dire que c’est une histoire de dingue, avec un roi, errant, une longue chaise sous le bras, pour mieux contempler les différents continents de son royaume… mais c’est surtout un conte moderne, unique, tout droit venu de l’imagination du photographe-réalisateur néerlandais, Anton Corbijn, éminent partenaire du groupe depuis 1986 (‘A Question Of Time’).

Avec le temps, chacun réalise à quel point ce tournage fait sens avec les paroles de cette chanson où il est surtout question de plaisir et de contemplation… mais surtout, ce video-clip est d’autant plus une réussite qu’il redonne des ailes et un rôle central au chanteur leader, Dave Gahan, totalement habité par sa mission et par ce personnage d’un roi qui possède tout ce qu’il désire : les plus belles offrandes, les plus belles musiques, les plus beaux paysages (en l’occurrence, ceux de l’Ecosse, du Portugal et de la Suisse).

Mais comment en sont-ils arrivés-là ?

Retour sur la naissance de cette chanson hors normes…

Direction Milan, de mai 1989 à janvier 1990

En cette année 1989, lorsqu’ils rejoignent le Logic studios de Milan sous la houlette de François Kevorkian (un des pionniers des musiques électroniques, passé par les années Studio 54, comme un certain Marc Cerrone), le groupe n’a fait que monter en puissance et enchaîner les succès avec une facilité déconcertante.

Depuis le début de leur aventure en 1980, Andrew Fletcher (claviers & management), Dave Gahan (chant, composition), Martin L. Gore (guitare, composition) et Alan Wilder (claviers & arrangements), ont un point en commun : un penchant pour la New-Wave et la recherche de la perfection musicale… et ceci est d’autant plus vrai qu’ils se savent snobés par un public anglais qui ne les prend pas au sérieux.

Direction Milan donc, dans un studio flambant neuf, situé en pleine ville, équipé des toutes dernières technologies, sur les bons conseils d’un certain Mark Ellis, alias ‘Flood‘, ingénieur du son et producteur de renom, associé à la carrière de New Order, Nick Cave, U2, et tant d’autres.

Tout commence par une maquette…

Bien sûr, à l’origine, il y a une composition signée par le très inspiré Martin L. Gore. En l’occurence, ‘Enjoy The Silence‘ n’est encore qu’une ébauche jouée à l’harmonium avec un tempo très lent . (écoutez donc cette version chantée religieusement par Martin sur l’album DMBX4, daté de 2004). Comme il aime à le répéter : ‘pas besoin d’un synthétiseur dernier cri pour créer ou pour repérer un tube !‘.

Justement, le groupe est persuadé du potentiel de ce titre encore à l’état de maquette. En particulier, Alan Wilder et ‘Flood‘, insistent pour transformer cette ballade en accélérant vertigineusement le tempo. Problème : Martin, n’y voit aucun intérêt et craint de voir son titre massacré en une pénible version ‘Disco’ !!

Pendant deux jours, c’est niet… NO WAY… il ne veut pas aller dans cette direction. Pourtant, petit à petit, Martin s’habitue à l’idée de changements. Au fond, chacun sait qu’il faut tout faire, tout envisager pour transformer ce titre en tube.

C’est à ce moment-là que le très habile Daniel Miller (fondateur du label Mute Records et à l’origine de l’éclosion du groupe depuis 1980) l’encourage à venir gratouiller un rif digne de ce nom, afin de mettre en place ce qui deviendra la mélodie centrale du morceau. Bien entendu, Martin a prévu de jouer ces quelques notes sur son inséparable guitare Gretsch, un instrument au son métallique si particulier. Certes, il n’est pas question de virtuosité, mais la mélodie a beau être simple, elle n’en reste pas moins d’une incroyable efficacité.

De son côté, Alan Wilder, le seul musicien réellement ‘diplômé’ du groupe, ne va pas chercher non plus la virtuosité. Il va plutôt s’acharner à trouver les meilleures sonorités, la tête enfouie dans les machines et synthétiseurs les plus sophistiqués du moment, tous à disposition, 7j/7 s’il le faut. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont venus à Milan, quitte à affronter les fans agglutinés chaque matin devant l’entrée du bâtiment.

Un travail tellement réussi qu’il lui donnera, il l’espère, une autre dimension au sein du groupe et une place centrale dans la préparation du prochain Opus : ‘Songs Of Faith And Devotion’. Une fierté personnelle… mais qui sera aussi, malheureusement, à l’origine de son départ du groupe en 1995 (et à l’époque, à deux doigts d’être recruté par Robert Smith pour rejoindre ‘The Cure’ !!).

Words are very, unnecessary

Après l’ajout de choeurs synthétiques, Dave Gahan imprime sa marque. Dès la 1ère prise, il impressionne par la justesse de sa prestation.

Là, en quelques minutes, c’est l’évidence : personne d’autre ne pouvait chanter cet hymne électronique aussi bien que lui. Personne n’en avait la légitimité. Personne au monde n’aurait pu autant s’affirmer, si naturellement, si calmement, en dépit de la frénésie rythmique de ce Hit le plus dansant de la décennie.

Dans le studio, c’est l’euphorie, la joie d’avoir réussi un gros coup. Après plusieurs tentatives, le staff est unanime : inutile de s’entêter des journées entières, la 1ère prise fut la meilleure et ce titre exceptionnel va faire un énorme carton.

Quelques semaines plus tard lors du mixage final de l’album, la chanson est fignolée par François Kevorkian dans son studio Axis à New York. A l’issue de ce travail minutieux, toutes les imperfections/distorsions sont effacées… mais si le son est désormais irréprochable il est aussi très différent de l’enregistrement initial qui était resté gravé dans les mémoires.

Pour Daniel Miller, c’est la stupeur… l’impression d’avoir perdu l’essentiel d’une pépite qu’il avait vu naître quelques mois plus tôt. Contrarié par ce résultat décevant, il finira par convaincre les uns et les autres d’entreprendre un ultime travail en studio afin de retrouver l’essence de la toute 1ère session d’enregistrement.

Finalement, c’est bien cette version épurée, avec des percussions ‘brut de décoffrage’, qui sera retenue dans l’album.

Nous y voilà.

Pour finir en apothéose, je vous laisse admirer le groupe en action et frissonner avec le public en regardant cette version live filmée en 2014 à Berlin.

Bonne écoute…

Post-scriptum…

On connait la suite… avec cet album mythique Depeche Mode devient l’un des groupes les plus respectés au monde. Sur toutes les scènes ils transmettent une énergie incroyable à un public impressionné par la qualité des arrangements et de la mise en scène. Les fans hystériques se ruent pour aller à leur rencontre et les émeutes qu’ils provoquent ne sont pas sans rappeler les grandes cuvées des années ‘Beatles‘.

Pourtant, épuisés par le succès et l’enchaînement des tournées, les membres du groupe vont traverser une période difficile, trouvant l’apaisement dans des addictions en tous genres.

Dave Gahan en particulier, après un divorce en 1991, se perd dans une vie de débauche. Au moment où ils enregistrent l’album ‘Songs Of Faith And Devotion’ (1993), il est devenu un héroïnomane assumé et se marginalise. Sa descente aux enfers le mène à une tentative de suicide en Août 1995, puis à une overdose en mai 1996.

Alors oui, le petit succès ne les a pas épargnés… Dave Gahan revient de loin… Andrew Fletcher à rejoint l’autre monde en mai 2022… mais à ce jour le groupe est toujours vivant et nous espérons tous de bonnes nouvelles à leur sujet.

La première bonne nouvelle, c’est que leur prochain album, ‘Memento Mori’, est en cours de mixage, et qu’ils reprennent le chemin des tournées à partir de 2023.

Enjoy The Silence

Words like violence

Break the silence

Come crashing in

Into my little world

Painful to me

Pierce right through me

Can’t you understand?

Oh, my little girl

All I ever wanted

All I ever needed

Is here in my arms

Words are very unnecessary

They can only do harm

Vows are spoken

To be broken

Feelings are intense

Words are trivial

Pleasures remain

So does the pain

Words are meaningless

And forgettable

All I ever wanted

All I ever needed

Is here in my arms

Words are very unnecessary

They can only do harm

What’s Next ?

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