Histoire d’une chanson : ‘Gypsy’ de Suzanne Vega

Hello Folks,

Bien sûr, vous vous souvenez de ‘Luka’ et de ‘Tom’s Dinner’ (reprise par le duo Britannique DNA), mais indéniablement, le titre le plus réussi du célèbre album ‘Solitude Standing’ (1987), c’est cette perle, ‘Gypsy’, écrite et composée par Suzanne Vega dans sa jeunesse… peut-être la plus belle chanson d’amour de tous les temps.

Première romance

Lorsqu’elle compose cette chanson Suzanne Vega n’a que 18 ans et vit son premier amour auprès d’un jeune peintre original, idéaliste, dadaïste, tout droit débarqué de Liverpool.

Au quotidien, elle fréquente un centre de vacances pour ados, danse sur les tubes disco (la révolution musicale du moment), étudie l’oeuvre de Leonard Cohen, donne des cours de guitare/chant et consacre le reste de son temps à la poésie et à la composition de chansons. Justement, en ce matin d’été 1977, c’est cette pépite particulièrement aboutie qu’elle offre à ce jeune homme qui l’a conquise. Un cadeau qui lui vient du fond du coeur, juste avant qu’ils ne se séparent pour reprendre le cours de leurs vies de jeunes étudiants, chacun dans son pays.

Dans cette chanson, elle nous parle de ce vagabond plein de sagesse qui arpente le monde et en tire des expériences profondes. Ils ne le savent pas encore, mais dix ans plus tard, elle l’enregistrera sur son 2nd album qui sera vendu à des millions d’exemplaires. Lui, pour l’instant, il n’a que son bandana à lui offrir en retour…

Retour à Manhattan

Née à Santa Monica (Los Angeles, Californie), c’est pourtant dans les quartiers défavorisés de New York qu’elle grandira auprès de sa mère divorcée et de son beau père, Ed Vega, professeur-écrivain. Une bonne raison d’étudier à son tour la littérature Anglaise au Barnard College de l’université Columbia malgré sa passion pour la musique et la guitare en particulier.

Greenwich Village n’est pas très loin… ce quartier pittoresque et avant-gardiste, connu pour avoir été le berceau de la musique Folk dans les 60’s. A l’époque, le jeune Bob Dylan venait y tenter sa chance. Suzanne Vega en rêve, et ne tarde pas à se produire dans les bars locaux, emballée par l’énergie de sa nouvelle idole, Lou Reed, qu’elle vient d’admirer sur scène. Encore étudiante, passionnée, elle décide de se lancer corps et âme dans une carrière de Folk Singer. Après tout, ce n’est pas un choix que l’on peut faire à moitié.

Les années passent, et elle tient bon, avant que ses maquettes ne captent l’attention de la maison de disque ‘A & M Records’ qui lui donne sa chance pour un 1er album éponyme, rapidement salué par la critique. Ouf… c’est une belle réussite. Sérieuse et méticuleuse, elle a tout donné. Elle a surtout su s’entourer de musiciens talentueux, et iI faut dire que sa musique tourne à la perfection, car Suzanne Vega a beau être une âme sensible, elle est aussi une surdouée. Mieux que quiconque, elle sait créer des séquences musicales et les travailler en boucle, jusqu’à parvenir à fusionner ses textes poétiques avec des mélodies séduisantes, pour en tirer des chansons envoûtantes.

Dans ce 1er album elle chante sa vie, son quartier, ce qu’elle observe et ce qu’elle ressent au plus profond. En toute simplicité, et à contre-courant, elle nous embarque dans son univers, au moment où le grand public se tourne plutôt vers la Pop, la New Wave, la Techno, et va bientôt découvrir la musique ‘low cost’ grâce au célèbre format mp3 dont elle sera, sans le savoir, l’une des pionnières (son titre ‘Tom’s Dinner’ a servi d’étalon lors de l’optimisation de l’algorithme de compression).

‘Solitude Standing’ (2nd album)

Deux ans plus tard, au moment où elle entre au Bearsville Sound Studios avec son compagnon du moment, le claviériste Anto Sako, Suzanne Vega semble évoluer dans un autre monde, et vivre à une époque bien éloignée de cette année 1987, où les fans dévorent MTV et se ruent sur les derniers Hits de Depeche Mode, Duran Duran, George Michael, Madonna et tant d’autres prodiges des 80’s.

Mais au fond, qu’importe la tendance actuelle et l’avis du public… son petit groupe d’excellents musiciens – et désormais aussi auteurs/compositeurs – est toujours auprès d’elle, et il est temps d’utiliser toute cette matière accumulée dans ses écrits et dans sa tête. Pour la petite histoire, certaines des chansons de cet album lumineux ont été écrites en quelques heures, sans aucune rature, comme dictées, venues d’on ne sait où.

Avec ‘Tom’s Dinner’ et ‘Ironbound / Fancy Poultry’ elle chante sa ville, sa région et son vécu dans ce petit restaurant de Broadway… dans ‘Luka’, inspirée par Lou Reed et sa façon de chanter la violence dans l’album ‘Berlin’, elle nous parle de cet enfant différent des autres, maltraité, qui vit à quelques étages du dessus… avec ‘Calypso’, elle met en chanson l’histoire de cette nymphe qui sauva Ulysse avant qu’il ne retrouve Pénélope et Télémaque… dans ‘Gypsy’, elle partage sa première romance d’adolescente.

Bientôt, cette jeune femme va se hisser au niveau de l’immense Joni Mitchell et lui succéder en tant que nouvelle reine de la Folk contemporaine.

Bonne écoute… en single ou sur la Playlist autour de l’Amour…

(photo : christian koch)

Gypsy

You come from far away

With pictures in your eyes

Of coffeeshops and morning streets

In the blue and silent sunrise

But night is the cathedral

Where we recognized the sign

We strangers know each other now

As part of the whole design

Oh, hold me like a baby

That will not fall asleep

Curl me up inside you

And let me hear you through the heat

Oh, oh…

You’re the jester of this courtyard

With a smile like a girl’s

Distracted by the women

With the dimples and the curls

By the pretty and the mischievous

By the timid and the blessed

By the blowing skirts of ladies

Who promise to gather you to their breast

Oh, hold me like a baby

That will not fall asleep

Curl me up inside you

And let me hear you through the heat

Oh, oh…

You have hands of raining water

And that earring in your ear

The wisdom on your face denies the number of your years

With the fingers of the potter

And the laughing tale of the fool

The arranger of disorder

With your strange and simple rules

Yeah, now I’ve met me another spinner

Of strange and gauzy threads

With a long and slender body

And a bump upon the head

Oh, hold me like a baby

That will not fall asleep

Curl me up inside you

And let me hear you through the heat

Oh, oh…

With a long and slender body

And the sweetest softest hands

And we’ll blow away forever soon

And go on to different lands

And please do not ever look for me

But with me you will stay

And you will hear yourself in song

Blowing by one day

But, now, hold me like a baby

That will not fall asleep

Curl me up inside you

And let me hear you through the heat

Oh, oh…

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